Arts Aborigènes d'Australie : une collection, une passion

  Par M. Blaise

 

 

"On regarde les objets, comme des témoins qui, chacun et ensemble, murmurent une histoire." (Gérard WAJCMAN, Collection)

 

Notre rencontre avec les arts aborigènes australiens (Parcours des mondes, Paris, année 2009)       

Quand le regard seul ne suffit pas pour voir

          Intrigués d’abord, fascinés ensuite, nous nous abandonnons à leur découverte : des planches oblongues gravées de motifs géométriques et symboles qui nous sont totalement inconnus, de simples planches ornées de prime abord, mais si singulières, insolites et énigmatiques, d’une beauté prégnante et graphique.

Il s’agit, nous explique le galeriste, de “churinga”, des objets cultuels aborigènes, des objets sacrés auxquels sont associés des mythes, des ancêtres totémiques et des cérémonies, des morceaux de paysages mobiles et sortes de cartes d’identité spirituelles et foncières.

Dès lors naît notre passion et admiration pour cet art qui nous est méconnu et qui va nous emmener sur les pas des Aborigènes, premiers habitants de l'Australie.

Après une approche sensible, nous effectuons des recherches enthousiastes, accumulons les lectures qui viennent donner du sens et permettre - peut-être - de mieux “voir” les objets et d’entendre l’Histoire et les histoires qu’ils recèlent. Des histoires de "Dreaming" (le Rêve), de "Law" (la Loi), de “countries” (Pays), de “places” (sites sacrés) et d’esprits-enfants. L’histoire d’un continent à l’antipode de l’Occident, de groupes Aborigènes riches de traditions culturelles ancestrales, revitalisées et réactualisées. Nous apprendrons également leur douloureuse confrontation à des colonisateurs britanniques qui tentèrent de les anéantir, puis de les invisibiliser.

Une merveilleuse odyssée, en chambre certes, mais qui nous a permis de découvrir une autre conception du monde, une autre appréhension d’un environnement qui peut nous sembler stérile, mais qui est, pour ces peuples, profondément fertile, où chaque trait de paysage des territoires dont ils sont détenteurs et gardiens traditionnels, est imprégné de sens et de spirituel.

Par ailleurs, nous avons très vite porté notre attention sur des artistes autochtones s’inscrivant dans la scène artistique contemporaine et nous sommes épris de leurs oeuvres puissantes et audacieuses, qui témoignent d’une grande vitalité tant culturelle que créative, et dont voici deux belles évocations de lieux sacrés ainsi que des mythes s'y rapportant.

 

Wentja Morgan Napaltjarri (née en 1945). Rockholes and Sandhills, acrylique sur toile, 152 x 122 cm, 2015. Provenance : Japingka Aboriginal Art Gallery, Fremantle, Western Australia. Collection personnelle de l'autrice.

Voir JACOB Stéphane, GRISHIN Sacha, Wentja Morgan Napaltjarri : The Power of Tradition / La puissance de la tradition (monographie), Paris, Editions Art d'Australie-Stéphane Jacob, 2013.

 

Kathleen Petyarre (c.1940 - 2018). Mountain Devil Lizard Dreaming (Rêve du lézard sauvage), acrylique sur toile, 102 x 102 cm, 2010. Provenance : Horizon Gallery, Victoria. Collection personnelle de l'autrice.

Voir JACOB Stéphane, GRUNDMANN Pierre, PONSONNET Maïa, La peinture aborigène, p.118-121, Paris, Nouvelles Editions Scala, 2012.

 

Ce petit lézard (Moloch horridus) communément appelé Diable cornu ou hérissé, endémique de certaines zones désertiques australiennes, est lié au territoire de Kathleen Petyarre. Le reptile, incarnation d'un être mythique, la vieille femme-lézard gardienne de mines d'ocres, est l'animal totémique de l'artiste qui, dans le tableau ci-dessus, a utilisé des couleurs propres à évoquer, entre autres choses, les facultés de camouflage de l'animal.

Artiste inconnu. Planche rituelle (Churinga), bois et pigments naturels. H. 69 cm. Australie Occidentale, fin XIXè/début XXè. Provenance : Michael Hamson Oceanic Art. Collection personnelle. 

Localisation des objets présentés

Les objets d’Art présentés sur ce site ont été réalisés par les peuples des Premières Nations de l’Australie. Cette "île-continent" d’une superficie d’un peu plus de 7,7 millions de kilomètres carrés, soit quatorze fois celle de la France, compte actuellement près de 26 millions d’habitants (essentiellement répartis sur les côtes et dans les villes), dont 983 700 Aborigènes et Insulaires du Détroit de Torres, représentant 3,8 % de la population australienne totale, constituant ainsi une minorité infime dans leur propre pays.

Estimés à quelques centaines de milliers de personnes à l’arrivée des colons anglais en 1788, les premiers habitants de cette terre de contrastes, ont su s’adapter et développer sur plus de 65 000 ans, des traditions possédant un tronc commun, mais présentant des variantes selon les régions et les groupes linguistiques (250 langues et autant de dialectes avant la colonisation), diversité qui concerne également les productions artistiques.

A quelques exceptions près, la plupart des objets visibles ici, proviennent des déserts centraux et occidentaux, ainsi que du Kimberley, région septentrionale de l'Australie-Occidentale.

Carte représentant la diversité des groupes linguistiques avant la colonisation 

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